Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, Moïse Katumbi est revenu notamment sur sa rencontre avec Joseph Kabila en marge du Forum de réconciliation entre katangais organisé en mai dernier. Extrait.
Quelles sont aujourd’hui vos relations avec Joseph Kabila ? Il vous avait qualifié de « Judas »…
Nous avons rompu en 2015, et nous n’avions eu aucun contact jusqu’en mai dernier, lors du dialogue inter-katangais. C’est l’archevêque Fulgence Muteba qui en est l’initiateur. Il estimait que nous devions être prêts pour la réconciliation entre Katangais. Mais je ne savais même pas que l’ancien président serait présent le dernier jour de cet événement. D’ailleurs, je portais une chemise. Si j’en avais été informé, j’aurais mis un costume, par respect.
L’évêque a dit que nous devions nous donner la main. Je suis un chrétien, j’ai donné la main. C’était sincère, il n’y avait aucune arrière-pensée politique.
Vous avez aussi échangé quelques mots. Que vous êtes-vous dit ?
Je m’en rappelle très bien. Joseph Kabila m’a dit : « Gouverneur, oublions le passé et pensons à l’avenir de notre pays. Le passé, c’est le passé. Il y a eu beaucoup de mensonges. » Je lui ai répondu : « Monsieur le président, si on s’est serré la main, c’est pour que le Congo puisse aller de l’avant. »
JOSEPH KABILA EST UN FRÈRE
Vous êtes vous revus ou reparlé depuis ?
Pour l’instant, non. Mais si un jour nous devons nous voir, nous le ferons. Joseph Kabila est un frère.
Si vous continuez à vous rapprocher du président Kabila, n’avez-vous pas peur qu’on vous considère comme une girouette ?
Qui sont les girouettes ? Qui sont ceux qui, pendant des années, se sont opposé au président Kabila et ont conclu avec lui un accord en 2018 pour accéder au pouvoir ? Ce n’est pas moi, ce sont Félix Tshisekedi et les siens.
Propos recueillis par Stanis Bujakera Tshiamala, Jeune Afrique