Les Tutsis congolais ont réagi, par le biais du président de leur communauté, Emmanuel Kamanzi, à un récent communiqué de Kigali, accusant Kinshasa, de connivence avec les FDLR, une milice hutu-rwandaise, de vouloir « expulser les M23 et les civils Tutsis congolais vers les pays voisins », car « incapable » d’assurer « la protection (de leurs) droits et (de leurs) vies ». Ce qui, selon le gouvernement rwandais, a exposé « l’ensemble de la région des Grands lacs à trente années de conflit et d’instabilité ».
La situation a commandé Kigali à « prendre toutes les mesures légitimes et extraordinaires » pour protéger les Tutsi congolais face à l’« intention d’invasion » attribuée (à tort ou à raison ?) aux Hutus rwandais dans le but de renverser le régime Kagame.
Ces allégations ont été balayées d’un revers de la main par Emmanuel Kamanzi qui, en plus, les considère comme un « prétexte de Kigali afin d’agresser injustement la RDC ».
« La question de l’agression est un problème politique au niveau du haut sommet. Mais, les communautés ne doivent pas se taire. Nous, nous avons une grande partie de notre communauté qui est au Rwanda. Ce qui fait que quand il y a un problème entre le Rwanda et la RDC, nous nous retrouvons toujours au centre. Cette histoire date des années 1960 », a rappelé Emmanuel Kamanzi.
Et de marteler :
« Aujourd’hui, nous disons non. Nous avons besoin de la protection de notre gouvernement, central comme provincial. Paul Kagame est le protecteur des Tustis rwandais et nous, Tustis congolais, nous ne lui avons pas demandé de nous protéger, parce que cela revient au gouvernement congolais de le faire au même titre que pour les autres communautés. Nous n’avons besoin que de la protection de notre président et du gouvernement congolais et pas besoin de lui (Kagame) pour nous protéger ».
Consécutivement à cette mise au point, Emmanuel Kamanzi a appelé l’ensemble des communautés ethniques congolaises à l’unité, tant les Tutsi congolais sont souvent victimes des traitements dégradants de la part des autres Congolais qui les prennent pour des ennemis rwandais.
« Tous les Congolais, nous devons nous mettre ensemble afin d’œuvrer pour la paix dans notre pays. Nous ne devons pas nous pourchasser parce que tel est Tutsi, tel est Nianga, tel est Nande. Personne n’a choisi de naître Congolais. Nous sommes tous des Congolais. Il est plus important pour nous d’être tous ensemble main dans la main pour soutenir notre gouvernement, développer notre pays, le pacifier et le sécuriser », a lancé Kamanzi, convaincu que « l’unité, la cohésion sociale et la cohabitation pacifique entre les communautés du Nord-Kivu » constituent les piliers du rétablissement de la paix dans cette province, en proie à l’insécurité depuis environ trois décennies.
Hugo Matadi