L’ASBL « Journaliste en danger » (JED) a présenté, ce jeudi à Kinshasa à l’occasion de l’édition 2023 de la Journée mondiale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, son rapport annuel sur le bilan de la liberté de la presse en RDC.
Occasion pour revenir sur une année « sombre » pour les journalistes congolais après des « progrès réalisés » en début du mandat de Félix Tshisekedi.
Le cas emblématique de ce rapport est l’arrestation puis l’incarcération, depuis le 8 septembre dernier, du journaliste Stanis Bujakera pour un article qu’il n’a pas signé.
Au nom des organisations professionnelles de médias, Jean-Marie Kassamba, président de la section provinciale de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) /Kinshasa, indique que l’arrestation d’un journaliste met en mal « les progrès enregistrés dans la liberté de la presse sous le régime de Tshisekedi ».
« La Loi de la presse dispose que lorsqu’un article n’est pas signé, c’est le directeur de publication qui endosse la responsabilité. Il faut respecter la présomption d’innocence. L’arrestation arbitraire de Stanis Bujakera ternit l’image de la RDC », a-t-il fait remarquer.
Les organisations des médias dénoncent ainsi le non-respect de la nouvelle Loi sur la presse qui reconnait pourtant à toute « personne physique ou morale lésée le droit de réponse ».
Un droit, du reste, exercé par Kinshasa, à travers le ministère de l’Intérieur qui a écrit à Jeune Afrique et RFI pour « rectification ».
« La Loi sur la presse n’autorise la saisine des instances judiciaires qu’en cas de refus d’appliquer le droit de rectification en faveur de la personne lésée », a rappelé Kassamba.
Désormais poursuivi pour « faux et usage du faux », le journaliste Bujakera, directeur de publication adjoint d’Actualite.cd et correspondant de Jeune Afrique, sera devant ses juges ce vendredi. Au centre des accusations, une note attribuée à l’ANR dont Kinshasa récuse l’authenticité.
Dans une enquête publiée ce même jeudi, Reporters sans frontières a conclu que Stanis n’est pas l’auteur de ce document, après avoir approché deux sources sécuritaires.
Yvette Ditshima