Enterrements clandestins, profanation des tombes, constructions illégales, érosions… Comme ceux qui nous ont précédés dans l’au-delà, l’Etat semble lui aussi avoir tiré sa révérence dans la gestion des jardins des morts dans la capitale.
Jeudi 13 octobre. Le gouverneur de Kinshasa, Gentiny Ngobila, s’est dit « choqué » de constater le niveau de profanation du cimetière de Kinsuka, dans la commune de Mont-Ngafula.
« Nous sommes venus ici pour dire à toutes ces personnes que nous leur donnons une semaine. Mercredi prochain nous reviendrons ici avec des engins pour passer à la démolition. La loi nous permet de démolir sur des sites non aedificandi [NDLR: qui ne peut recevoir aucun édifice], et surtout, sur des cimetières. Cette démolition va se faire sans indemnité, comme le prévoit la loi », avait tonné le premier citoyen de la ville devant les profanateurs, mais aussi les caméras de la presse.
Une semaine après, ces occupants illégaux n’ont pas bougé d’une semelle. Aucun engin n’a investi ce cimetière pour l’opération de démolition annoncée tambour battant.
« Okanisaki penza ako zonga ? (Tu pensais vraiment qu’il allait revenir ?, Ndlr) », ironise un habitant de ce cimetière devant une reporter d’INFOS.CD revenue le mercredi pour constater l’application de cette mesure.
Si Gentiny Ngobila avait lâché ce jour-là que « le Kinois a atteint un niveau exponentiel d’inconscience que je n’arrive même pas à comprendre », qu’en est-il alors du niveau de l’État dans la gestion des cimetières à Kinshasa ?
Dans ce dossier exclusif, INFOS.CD a fait son constat : l’État semble lui aussi mort. Sinon, comment admettre son existence quand au vu et su de tous, des cimetières officiellement fermés continuent de recevoir chaque jour de nouveaux corps à superposer sur des anciens ? Au même moment, des habitations prennent la place des tombes. Qui octroient ces espaces ? Qui laissent faire des marchés pirates sur les tombes ? Cette anarchie vient en plus avec son supplément de problèmes, notamment les têtes d’érosion qui ont fini par emporter des corps dans plusieurs cimetières. Voilà pourquoi nous disons : RIP l’État !
Socrate Nsimba