Deux semaines après le lancement des soins de maternité gratuits par le chef de l’État, INFOS.CD est allé palper leur effectivité à l’hôpital militaire central du camp Kokolo. Sur place, un constat : les femmes qui accouchent bénéficient d’une prise en charge gratuite, mais doivent encore acheter, seules, des médicaments. Reportage.
*Naomie, la vingtaine, ne boude pas sa satisfaction au moment de quitter, ce lundi 18 septembre, la maternité de l’hôpital militaire central du camp Kokolo, où elle a mis au monde quatre jours auparavant, une petite fille.
« Je ne suis ni femme d’un militaire, ni recommandée, moins encore fille de militaire. J’ai accouché, je n’ai payé aucun frais. Nous sommes satisfaites mais pas totalement. Merci au président Tshisekedi », confie-t-elle.
Sa satisfaction aurait été totale si la gratuité de la maternité était tout aussi totale.
« Le lit et l’accouchement sont gratuits. Mais quand il s’agit de médicaments, on devait acheter, regrette-t-elle. C’est cela le grand problème qui reste à résoudre ».
Ce manque d’intrants est confirmé par le personnel médical trouvé sur place.
« La gratuité de la maternité est effective chez nous. Seulement, nous ne savons pas quand est-ce qu’on sera approvisionné en médicaments. En attendant, les femmes sont obligées d’acheter elles-mêmes », déclare un infirmier de l’hôpital central militaire de camp Kokolo.
Il garde toutefois espoir que la situation pourrait se décanter dans quelques jours.
Des cas compliqués payants ou transférés
En attendant, l’hôpital prend en charge seulement des cas d’accouchement par voie basse. Pour les cas compliqués (césarienne), il faut payer jusqu’à 600 000 francs [250 dollars américains ] si ce n’est pas une militaire ou une femme d’un militaire. Sinon, le cas est transféré à l’hôpital de la garde de camp Tshatshi.
« Comme c’est là que le président a lancé la gratuité, ils ont déjà tous les matériels et même les médicaments pour assurer les soins complets », assure un autre infirmier.
Autre préoccupation ici à la maternité de camp Kokolo, sa capacité d’accueil, limitée à une vingtaine de lits.
« Normalement, pendant la saison sèche, l’on reçoit beaucoup de femmes. L’on craint un débordement avec la gratuité. Il sera surtout difficile de répondre aux urgences telles que la césarienne », s’inquiète un infirmier.
Assurer un accouchement gratuit aux femmes n’est pas exercice nouveau à l’hôpital militaire du camp Kokolo. Des femmes militaires ou encore des conjointes des militaires sont, depuis toujours, prises en charge gratuitement.
Mais avec la gratuité de la maternité, elles ont l’opportunité de bénéficier d’un paquet complet de soins allant de la grossesse jusqu’au premier mois du nouveau-né. Et des médicaments gratuits notamment les contraceptifs pour celles qui les désirent.
Au total, 300 centres de santé et 50 hôpitaux généraux de référence sont retenus pour la gratuité de la maternité à Kinshasa. La capitale sert de zone pilote avant que le projet s’étende dans toutes les provinces du pays en 2024.
Un budget de 200 millions de dollars est nécessaire pour cette gratuité sur l’ensemble du pays. Kinshasa devrait consommer plus de 20% de ce budget.
Yvette Ditshima
*Nom d’emprunt
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