Trois ans après son lancement en pompe en présence du chef de l’État, la campagne « Kinshasa Bopeto » est loin de donner les résultats attendus : rendre la ville de Kinshasa salubre en luttant contre les immondices qui jonchent les avenues et principales artères de la capitale de la RDC.
Malgré quelques actions visibles, notamment le travail des balayeurs de rue sous-traités par des associations en collaboration avec l’hôtel de ville ou encore une activité de recyclage de bouteilles en plastique usagées par une entreprise privée, la capitale congolaise reste très sale.
Caniveaux et rivières sont jonchés d’immondices. Ces moyens de calisation des eaux sont malheureusement utilisés comme des poubelles par une population qui n’a toujours pas intégré le bon geste dans son instinct quotidien. La faute à qui ? Sûrement à un aspect très important qui semble n’avoir pas été suffisamment pris en compte dans ce programme : la sensibilisation. Rien à voir avec une communication plutôt politique où Gentiny Ngobila et le président Tshisekedi trônent dans des géantes affiches sur des carrefours de Kinshasa au nom de « Kinshasa Bopeto ».
En circulant dans la ville, l’on a plus de chance de tomber sur les affiches d’ACP (parti politique du gouverneur Gentiny Ngobila, officiellement lancé en mai dernier dans un stade des Martyrs plein comme à ses jours de grands matches des Léopards de football) que sur celle de sensibilisation pour l’assainissement.
Seule, la Coordination pour le changement des mentalités (CCM), service spécialisé de la présidence de la République, qui propose quelques affiches de sensibilisation contre l’insalubrité dans la ville.
« Mboka déjà ekufa nango kala (la ville est déjà sale depuis longtemps, ndlr) », me répond, dans un taxi, une dame à qui je reproche le fait d’avoir jeté sur la chaussée sa bouteille d’eau.
Ils sont des millions à faire le même geste chaque jour dans les rues d’une ville qui produit plus de 9 mille tonnes de déchets par jour dont seulement 10% sont pris en charge par l’Hôtel de la ville.
Imaginez les mêmes personnes poser le geste contraire ? : se servir de poubelles, bien qu’on les voie souvent que sur le Boulevard du 30 juin. Le plus grand défi est donc comportemental.
Une communication de changement des mentalités virale et permanente qui associe des leaders d’opinion, des paires éducateurs, la société civile, à travers différents supports, s’impose pour « Kinshasa Bopeto ». En plus, c’est toujours moins coûteux de travailler sur les causes que sur les conséquences.
Socrate Nsimba
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