Kimbanseke, Kintambo, Kinkole, Kinsuka, Mbenseke … Quasiment tous les cimetières publics sont officiellement fermés par l’Etat depuis des années, faute d’espaces. Mais dans la pratique, devenue presque logique, l’on continue à enterrer de nouveaux corps, non sans profaner les anciens.
Jeudi 20 octobre. Nous débarquons au cimetière de Kimbanseke, dans la commune qui porte le même nom. Nous sommes vite accueillis par des maisons de fortune qui se confondent avec des pierres tombales. Ici, pas besoin d’attendre les 50 ans après le dernier enterrement, comme l’exige la loi, pour désaffecter un cimetière.
Le dernier enterrement, il n’y en a jamais eu dans ce cimetière qui continue à accueillir de nouveaux corps chaque jour. Si des gestionnaires de ces cimetières autorisent toujours des enterrements, ils ne sont pas les seuls. D’autres croque-morts organisent aussi des enterrements clandestins.
« Ils continuent à y enterrer des morts au vu et au su de tout le monde. D’autres le font clandestinement en connivence avec les éléments de la police qui ont leur bureau aux alentours du cimetière », témoigne une habitante du quartier « Biyela », voisin de ce cimetière.
Au cimetière de Kimbanseke, il n’y a pas que des maisonnettes qui ont envahi les morts. Mais aussi des marchés pirates. Des pierres tombales font office des étals de certains vendeurs.
Comme souvent à Kinshasa, là où il y a un marché, des montagnes d’immondices ne sont jamais loin. C’est aussi le cas dans ce vieux cimetière, menacé par ailleurs par des têtes d’érosion qui emportent tombes, cercueils et restes humains.
La situation de Kimbanseke est la même dans tous les autres cimetières publics.
Des familles qui ont un peu de moyen préfèrent payer des milliers de dollars pour enterrer dignement leurs membres dans des cimetières privés en vogue ces dernières années. Là-bas, elles sont plus ou moins sûres que leurs proches reposeront en paix.
DM
Lire aussi dans le dossier « Cimetières à Kinshasa : RIP l’Etat »
– Cimetières à Kinshasa : RIP l’Etat (Billet de Socrate Nsimba