Quatre ans, dix mois et vingt-huit jours. Telle a été la durée de la « Deuxième guerre » du Congo, déclenchée le 2 août 1998, pour tirer un trait le 30 juin 2002 à la suite du retrait des troupes rwandaises et ougandaises ainsi que de la signature d’un accord de paix entre belligérants Congolais.
Ce conflit, aussi baptisé « La grande guerre africaine » ou encore la « Première guerre mondiale africaine », a impliqué près d’une dizaine de pays africains (d’un côté la RDC, l’Angola, la Namibie, le Zimbabwe, et le Tchad; de l’autre côté le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda) ainsi qu’une trentaine de groupes armés.
Selon le rapport de Rescue Committee, entre 183.000 et environ 4,5 millions de personnes ont perdu la vie pendant la 2ème guerre du Congo aussi bien à cause de la violence des armes que de la famine et des maladies qui s’en sont suivies. En plus des morts, des millions de personnes ont dû être déplacées de leur milieu de vie pour se réfugier dans les pays voisins.
Kabila, l’ingratitude obligée
A l’origine de la 2ème guerre du Congo, la tension diplomatique et militaire entre le régime congolais de Laurent Désiré Kabila et ceux du Rwanda et du Burundi qui l’avaient aidé à chasser Mobutu du pouvoir le 17 mai 1997. Leurs relations ont explosé à cause entre autres de « l’ingratitude obligée » de Kabila, contraint de prouver à l’opinion nationale qu’il s’est soustrait de la « mainmise rwandaise », alors que le sentiment anti-rwandais montait en flèche dans le chef des Congolais.
Dans ce contexte, le tombeur de Mobutu a décidé, le 11 juillet 1998, de remplacer James Kabarebe par Célestin Kifwa au poste de Chef d’Etat-major au sein des Forces armées congolaises (FAC). Quinze jours plus tard, il a intimé l’ordre à toutes les troupes étrangères, y compris rwandaises, de quitter le pays dans l’objectif de protéger le pays d’une invasion militaire en préparation.
Cependant, cet ordre a sonné les glas de l’amitié entre Kabila et ses soutiens rwando-ougandais qui, le 2 août 1998, ont intervenu militairement sur le sol congolais, déclenchant ainsi la 2ème guerre du Congo.
Angola et cie à la rescousse de Kabila
« Le 2 août, les combats commencèrent presque simultanément dans les zones Est de Goma, Bukavu et Uvira, et à Kinshasa où des troupes rwandaises et banyamulenge tentaient de prendre les camps Tshatshi et Kokolo », a, dans un article, relaté Filip Reyntjens, politologue et constitutionnaliste belge, réputé pour ses travaux sur l’histoire contemporaine, l’anthropologie légale et les droits de l’homme consacrés à l’Afrique des Grands Lacs.
Et d’ajouter: « Alors qu’initialement la rébellion se répandait rapidement dans l’Est avec des troupes ougandaises, rwandaises et burundaises comme fer de lance de l’offensive, le 4 août des forces rebelles lancèrent également une opération aéroportée audacieuse dans le Bas-Congo, à l’Ouest de Kinshasa. Sous les ordres de James Kabarebe, des troupes rwandaises, ougandaises sous l’étiquette banyamulenge prennent rapidement le contrôle de la base militaire de Kitona et une zone s’étendant du port de Matadi au barrage d’Inga.
Les ennemis de Kabila avançant à grand pas vers Kinshasa, son pouvoir a de justesse été sauvé grâce à l’intervention d’un corps expéditionnaire venu de l’Angola, du Zimbabwe et d’autres pays de la SADC à laquelle la RDC venait d’adhérer. Ainsi commença cette deuxième guerre du Congo. Ce conflit meurtrier a laissé des traces malheureuses et indélébiles dans la mémoire collective d’un pays et surtout d’une région, toujours en proie à l’insécurité au point de compter des morts chaque jour qui passe voilà plus de deux décennies.
LOI