A la dernière Coupe d’Afrique des nations (CAN), Charles Pickel, milieu défensif, a été l’une des sensations du côté des Léopards de la RDC. Son impact physique, sa capacité à contenir les assauts adverses et à faciliter les transitions ont tout de suite imposé le sociétaire de Cremonese (en Serie B italienne), dans le 11 type des Léopards.
Pourtant, au départ, Charles Pickel, né sur le sol suisse en 1997, n’avait jamais rêvé un jour d’enfiler la tunique tricolore de la RDC et moins encore de disputer la CAN.
Après avoir évolué avec les équipes d’âge de la Suisse, Pickel, contactée par la FECOFA au travers de sa mère, congolaise d’origine, s’est retrouvé devant un dilemme : jouer pour le pays qui lui a tout donné ou pour le pays de ses parents.
Le natif de Solothurn a reconnu qu’opter pour la RDC « n’était pas un choix facile ». Mais, a-t-il enchaîné, ce choix lui a permis de « découvrir une autre partie de » sa personnalité.
Première frayeur
Aussitôt le choix de représenter la RDC fait, Pickel a fait l’expérience de la « peur », consécutive à la mauvaise organisation ayant entouré son premier voyage à Kinshasa, en 2021, pour obtenir son passeport, clé pour rejoindre la tanière.
« On est arrivé au lieu où l’on devrait faire le papier. On reste je ne sais pas combien d’heures et je rentre en Suisse sans passeport », a-t-il relaté tout en exprimant sa « déception » et sa motivation à participer au changement « des choses qui ne fonctionnent pas » au sein du Onze national.
« J’étais à fond dans cette idée (de rejoindre cette) équipe nationale qui est la mienne », a assuré l’actuel dossard 18 des Léopards.
En août 2022, un nouveau technicien arrive à la tête de la sélection congolaise en remplacement de Hector Cuper. Il se nomme Sébastien Desabre et sa mission est de construire une équipe compétitive et de qualifier la RDC à la CAN 2025 et au Mondial 2026.
La mission est tellement cruciale que le technicien français, également chargé de manager les Léopards, a entrepris de rapatrier certains joueurs congolais évoluant en Europe. Charles Pickel est dans sa ligne de mire.
« Il m’a (appelé). Il me parle de sa vision et ça m’accroche. Je suis à fond et je me suis dit c’est ça que je veux. On l’a fait directement et cette fois-ci c’est aller encore plus vite, parce que je ne devrais même pas venir à Kinshasa. J’ai fait des papiers en Belgique et deux jours après, j’avais tout », s’est souvenu Pickel qui a honoré sa première sélection en septembre 2023 face au Soudan en match comptant pour la dernière journée des éliminatoires de la récente CAN.
Débuts de rêve avec les Léopards
Les souvenirs de ce match, remporté 2-0 par la RDC, sont encore vifs dans la mémoire de Pickel.
« C’était un match décisif, le stade (était) plein. C’était quelque chose d’incroyable. Je ne peux pas te parler des émotions, parce que tu dois les vivre. C’est l’un des matchs les plus beaux et importants de ma vie. Je l’ai très bien pris et ça s’est bien passé », a confié Pickel, auteur de la passe décisive sur l’ouverture du score, à la 7e minute de jeu, par l’entremise de Théo Bongonda.
Mal embarquée dans les éliminatoires de cette CAN après deux défaites enchainées d’entrée, c’est au bout du suspense que la RDC s’est qualifiée pour la reine des compétitions de la CAF, déroulée début 2024 en Côte d’Ivoire.
De la CAN ivoirienne, Pickel n’a gardé « que du positif » en dépit de la déception de n’avoir pas qualifié les Léopards en finale. Cela n’entache cependant pas le parcours de la RDC, 4e de la compétition, qui a « fait une CAN incroyable ».
Désormais, a soutenu Charles Pickel, les Léopards sont « comme (sa) famille », tant les moments partagés ensemble, sur le sol ivoirien, sont « inoubliables ».
« Un moment comme ça, c’est comme si j’ai vécu 5 ans, parce que je suis tous les jours avec l’équipe », a encore confié le joueur formé au FC Bâle avec lequel il a remporté, en 2016, le titre de champion de Suisse.
Charles Pickel a par ailleurs noté « l’amélioration de l’organisation » de la sélection nationale et a émis le vœu qu’elle « reste à ce stade » pour attirer davantage de « grands joueurs » congolais évoluant en Europe.
L’ancien joueur de Grasshopper Zurich et de Grenobe Foot a fait ces confidences au micro de Leopardsfoot TV au cours d’un entretien réalisé dans les locaux de Cremonese et diffusé mardi.
Laurent Omba