En séjour à Rome, où il participe à la réunion du C9, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa s’est déchargé sur le gouvernement congolais qu’il accuse d’avoir armé les rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FLDR).
Cet argument a longtemps servi de prétexte à la présence des troupes de l’armée rwandaise sur le territoire congolais alors que Kinshasa a toujours démenti avoir des contacts avec ces rebelles, descendants des hutus rwandais qui ont traversé la frontière durant le génocide de 1994.
Au micro de l’Agence Fides, l’organe d’information des Œuvres pontificales missionnaires du Vatican, Ambongo a décrit une situation qui « s’aggrave de jour en jour » à Goma et dans ses environs.
Ce conseiller du Pape a dit craindre désormais « le risque d’une insécurité généralisée d’abord à Goma et plus généralement dans tout l’Est du pays ».
« Le gouvernement a distribué des armes supplémentaires à divers groupes armés, comme le Wazalendo, mais aussi à certains appartenant aux FDLR, en espérant que ces groupes soutiendraient l’armée face à l’avancée du M23. Tous ces groupes sont aujourd’hui bien armés et c’est la population qui en paie le prix, générant toutefois un risque d’insécurité généralisée », a déclaré le Cardinal Ambongo.
Ces derniers jours, Goma s’est transformée en un farwest, sous l’emprise de ces Wazalendos. Pour juguler ce banditisme urbain à mains armées, le maire a interdit à ces « jeunes patriotes » de se promener avec leurs armes dans le chef-lieu du Nord-Kivu.
Pas suffisant pour le Cardinal Ambongo qui dénonce le manque d’homogénéité de ce groupe de résistance depuis l’arrestation et la condamnation à mort de son inspirateur, Éphraïm Bisimwa, leader d’une secte messianique locale.
« Il est devenu clair que ce groupe n’est pas homogène. Même certains de ses membres sont passés dans les rangs du M23. Il est difficile de contrôler ces groupes armés qui se réfèrent à autant de chefs », a averti le prélat catholique.
Au lieu de recourir aux Wazalendo, Ambongo propose au gouvernement de « renforcer l’armée régulière avec des soldats sélectionnés et bien formés » plutôt que de continuer avec ce « choix dangereux d’armer ces groupes qui finissent par devenir un danger pour la population, en agressant les citoyens, en commettant des vols et des meurtres, et en se lançant dans le commerce illégal des minerais extraits des mines artisanales de la région ».
Très virulent ces dernières semaines envers le régime, le Cardinal Ambongo a été privé d’accès au salon VIP de l’aéroport international de N’Djili le weekend dernier.
Djesany Sundi