Stanis Bujakera, correspondant de Jeune Afrique à Kinshasa et Directeur de publication adjoint chez Actualite.cd, a essuyé cette semaine un énième revers dans sa démarche tendant à obtenir une liberté provisoire. Ce nouveau refus, intervenu quelques jours après une promesse du Chef de l’État de s’impliquer dans l’affaire du journaliste, a fait réagir la corporation de journalistes.
Dans une déclaration vendredi, le Rassemblement des journalistes pour l’émergence du Congo (RAJEC) a dénoncé une « mauvaise foi pure et simple de la justice qui maintient volontairement le journaliste Stanis Bujakera en prison sans aucune preuve d’accusation fondée ».
Désormais, cette association a proposé à Bujakera « d’abandonner toute initiative allant dans le sens de solliciter sa remise en liberté provisoire », car, estime-t-elle, ses bourreaux semblent être prêts à l’achever.
En détention depuis plus de 5 mois et poursuivi par le Parquet pour un article qu’il n’a pas signé, Bujakera est accusé d’avoir « fabriqué » un « faux » document attribué aux Renseignements sur lequel Jeune Afrique s’était appuyé pour retracer les circonstances de la mort du député Chérubin Okende.
Jeudi, le Parquet a livré les conclusions de cette affaire, après plus de 7 mois d’enquête. Ces conclusions écartent la thèse d’un meurtre et évoque plutôt un « suicide ».
Ces enquêtes ont notamment été à la base de l’interpellation du journaliste Peter Tiani, relaxé après la clameur publique et les pressions politiques 48 heures après. L’affaire, devenue trop sensible, au goût du RAJEC, a également « fait l’objet de plusieurs sorties médiatiques, souvent contradictoires, des autorités judiciaires qui interdisaient tout commentaire en attendant l’aboutissement des investigations ».
Pour le cas Bujakera, le RAJEC a rappelé que l’accusation « n’a jamais réussi à présenter la moindre preuve sur sa participation à la rédaction de l’article incriminé de Jeune Afrique, moins encore à la fabrication du fameux rapport de l’ANR sur les enquêtes de Chérubin Okende ».
Pour Edmond Izuba, porte-parole du RAJEC, Bujakera devrait désormais « laisser son sort entre les mains de la justice divine », tout en gardant son moral haut.
Yvette Ditshima