
Deux semaines après le lancement de la gratuité de la maternité par le président Tshisekedi, au Centre hospitalier Liziba Lya Bomoi (Source de vie), dans le quartier Kingabwa, dans la commune de Limete, le nombre de naissances est en nette augmentation.
Rencontré mardi 19 septembre dans son bureau, couvert de sa blouse blanche, Dr. Alex Matondo, médecin- directeur du centre hospitalier Liziba Lya Bomoi attend, comme à l’accoutumée, recevoir des femmes enceintes venues pour la consultation prénatale (CPN). Cela, gratuitement depuis deux semaines et le lancement de la gratuité de la maternité.
« On est content. Mais on continue à se demander si ça va continuer jusqu’à l’année prochaine. S’agit-il d’une mesure électoraliste ? », s’interroge une des femmes venues pour la consultation.
De son côté, Alex Matondo s’est félicité du choix porté sur son centre afin d’accompagner la mise en œuvre des soins de maternité gratuits à Kinshasa.
A Kinshasa, 300 centres de santé et 50 hôpitaux généraux de référence ont été sélectionnés pour ce programme.
« La gratuité de la maternité ne nous pose aucun problème car elle entre en phase avec notre mission d’assurer, à un coût réduit, les soins de qualité à une population démunie de la ville », soutient-il.
Ce mardi, le centre a déjà procédé à deux accouchements.
« C’était la joie quand nous avions annoncé à ces femmes qui venaient d’accoucher qu’elles ne devraient plus payer la facture. Elles ont tout de suite cru que cela était dû au passage d’un bienfaiteur. Nous leur avons expliqué qu’il y a un programme qui a été lancé par le Chef de l’Etat », a expliqué Alex Matondo.
Auparavant, un accouchement normal dans ce centre revenait depuis mai dernier à 75 000 francs. Un tarif relativement bas, comparé à d’autres centres de santé. « Mais que les gens avaient tout de même du mal à payer », affirme notre interlocuteur.
Un accouchement par césarienne revient à 400 000 francs, soit plus de 160 dollars.
Esther a accouché par césarienne une semaine avant le lancement de la gratuité. Faute d’avoir payé la facture, elle est toujours retenue dans ce centre. Les responsables de cette formation sanitaire espèrent qu’elle soit prise en charge par un projet financé par le Bureau diocésain des œuvres médicales.
Normalement, la subvention du gouvernement devait précéder la mise en application de la gratuité de la maternité. Pourtant, au Centre hospitalier Liziba Lya Bomoi, tous les accouchements ont été réalisés avec les intrants propres à la structure. L’accompagnement du gouvernement se fait toujours attendre.
« Pour la première fois, me concernant, j’étais venue pour l’échographie. Soudain, on me dit que je ne devrais pas payer. Je n’avais même pas encore remis l’argent. Puis on m’a montré le communiqué au tableau. Le jour de l’accouchement, tout s’est bien passé. Je n’ai même pas payé 50 francs, ni une seringue », témoignage une jeune dame qui a accouché d’une petite fille.
Dans ce centre, la gratuité de la maternité a augmenté le nombre d’accouchement.
« Depuis le 05 septembre, nous avons réalisé 34 accouchements dont 4 par césarienne. C’est plus de la moitié en deux semaines, car, en moyenne, nous étions à 70 accouchements le mois », rapporte Dr Alex Matondo. Et il s’attend à ce que les chiffres grimpent encore et se montre rassurant quant à la volonté du gouvernement d’honorer ses engagements.
« il y a lieu de ne pas s’inquiéter, car le centre travaille sur l’ouverture d’un sous-compte dans une banque de la place, telle qu’exigée par le gouvernement pour l’obtention des fonds à la fin de chaque mois », affirme-t-il.
Le C.H. Liziba Lya Bomoi appartient à l’Archidiocèse de Kinshasa et œuvre sous la direction du Bureau diocésain des œuvres médicales. Il est l’ une des structures sanitaires de référence de la zone de santé de Kingabwa, dans la commune de Limete.
Djo Kabika
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