Progrès technologique oblige, depuis un temps, le téléchargement musical a remplacé la vente des CD et DVD dans les différentes rues de Kinshasa. Et ici, la nuisance sonore ne nuit pas.
Une chaise en plastique avec housse, une petite table, un laptop et un baffle suffisent à Joël qui se fait appeler « DJ », pour tenir un petit commerce à l’arrêt Intendance, à quelques encablures de l’Université de Kinshasa.
Anciens ou nouveaux succès de la musique populaire ou Gospel, Joël propose presque tout à ses clients qui désirent télécharger sons et vidéos dans leurs téléphones ou clé USB. Un morceau musical revient à 100 francs pour le simple audio et 200 francs pour la vidéo.
Et Joël dit ne pas se plaindre d’une activité qui lui permet de nouer les deux bouts, sans se mettre sur le rang des Kuluna, ces gangs urbains qui font également rage dans son milieu de vie et qui ont choisi le vol comme moyen de survie.
Joël n’est d’ailleurs pas le seul à vendre la musique dans ce coin. Deux autres jeunes de sa génération s’adonnent à cette même activité.
Et pour s’attirer plus de clients, chacun veut marquer sa présence en jouant à fond la musique de 8 heures jusqu’au plus tard 20 heures. Une nuisance sonore évidente qui, curieusement, ne nuit pas au voisinage direct.
Jonathan fait des barbecues de dindes à deux mètres du baffle de Joël. Il avoue que sa musique ne le dérange pas. Bien au contraire.
« Nous, jeunes, avons besoin de quoi nous déstresser au cours de la journée, même si l’on est là pour vendre. D’ailleurs, c’est nous qui lui demandons de faire jouer telle ou telle autre chanson », soutient-il.
Et la police, censée veiller au respect des mesures contre le tapage diurne et nocturne ?
« On cherche l’argent, pourquoi la police viendrait nous déranger ? », s’interroge Joël qui, visiblement, ne trouve aucun inconvénient de jouer la musique à fond dans un lieu public.
Messie, gérant d’un commerce à proximité, pense que des éléments de la police préfèrent faire fi de ce « désagrément » car ils seraient plus ou moins entretenus par Joël et ses concurrents.
Cette situation est quasi-générale dans les différents quartiers de la capitale. On dirait que le Kinois a appris à vivre dans les bruits.
Japhet Mukoko (stagiaire)
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